Georges Sellers = Gilbert Goose ?

Yannick Reinartz & Uli Biller du site allemand Grammophon Platten consacré à la musique allemande des années 30 / 40 ont fait une étrange découverte:

– Et si l’artiste Gilbert Goose du label Artiphone était en réalité Georges Sellers ?

Voici donc un résumé de l’article, traduit de l’Allemand au Français (et un grand merci à Gwen!)

gilbert goose


 

Au départ, Gilbert Goose est un musicien belge (clarinettiste et saxophoniste), né en 1898 et mort à Paris en 1948. Il joue dans un orchestre et se produit en Belgique et en France. On trouve les premières traces des représentations de son orchestre en France en 1931. 

Cette même année, Gilbert Goose  a joué dans l’orchestre de Georges Sellers et aurait « offert » son nom comme prête-nom et pseudonyme à l’orchestre.  En effet, un certain nombre de collectionneurs et de connaisseurs français s’accordent tous à dire, après écoutes comparatives d’enregistrements, que Georges Sellers et Gilbert Goose ne font qu’un et qu’il utilisait ce pseudo au début de sa carrière pour ses représentations jazzy.

On sait que de 1929 à 1931, Georges Sellers dirige l’orchestre de jazz du cabaret parisien « Bal Tabarin » (que l’on entendra sur quelques enregistrements d’Artiphone).

A la fin de l’été 1930, il enregistre son premier disque (un solo d’accordéon) pour la maison de disque HMVLors de cette même année, Vincent Scotto écrit pour Joséphine Baker la chanson J’ai deux amours, et Georges Sellers s’occupe de la partie instrumentale. Cette chanson est interprétée et enregistrée pour la maison de disques Columbia, le 23 octobre 1930.

L’année 1931 est pour Georges Sellers couronnée de succès et il signe en décembre 1931 un contrat avec la société HMV (filiale française de Gramophone). Il y réalise quelques éditions notamment avec des duos de trompettiste et de tromboniste. Il ressortira également le titre J’ai deux amours, une fois sous le label Artiphone et HVM . Voici les différentes versions:

  • J’ai deux amours (Columbia, Josephine Baker)

j'ai deux amours columbia

  • J’ai deux amours (Gramophone, version Georges Sellers et chanteur inconnu)

Capture d’écran 2015-03-27 à 12.18.34

  • J’ai deux amours (Artiphone, version Georges Sellers, chanteur inconnu)

artiphone 2 amours

 

Il semblerait que Georges Sellers ait été en 1931 responsable du département « Tanzmusik » (musique de danse) de la toute jeune succursale française d’Artiphone. C’est à cette occasion qu’il publie quelques titres sous son vrai nom Georges Sellers:

  • 3 composés par ses soins
  • 4 de Vincent Scotto
  • 1 en anglais « Hot-Nummern », en utilisant le pseudo Gilbert Goose.

Comme la succursale allemande d’Artiphone n’a pas duré longtemps en France (à peine un an), il n’existe que peu d’enregistrements de Georges Sellers. 

Ensuite, en temps que musicien, il se consacrera presque exclusivement à l’accordéon. Il participera en temps qu’accordéoniste à l’orchestre Lud Gluskin Orchesters en 1932 et dirigera quelques années le Musette Jazz Orchester.

En 1933, il enregistre un morceau qu’il avait déjà joué pour Artiphone : Mickey-Xylophone.

A la fin des années 30, il ne travaille plus que sur des arrangements et des compositions. C’est à ce moment là qu’il prend comme nom de compositeur Germain Blanc (son vrai nom) et gardera son nom de scène Georges Sellers. 

Quelques mots sur Artiphon (Artiphone en français) 

artiphon_electro_sleeve

Cette maison de disque a eu une très courte existence en France. Artiphone en Allemagne connaissant des difficultés économiques (forte récession au début des années 30, qui s’accompagne de la montée des extrêmes), elle décide de s’exporter dans les pays voisins et notamment en France. En mai 1931 , la première succursale française propose à la vente quelques enregistrements. Ses studios d’enregistrement sont situés dans le 10ème arrondissement à Paris. En revanche, la mise sous presse des disques se fait en Allemagne. Il est donc possible qu’avec les délais d’enregistrement, de production et de livraison, la première édition de cette jeune succursale ait eu lieu en Février 1931. Artiphone ayant peu de moyens financiers, l’entreprise ne peut approcher des artistes et orchestres connus. Elle sillonne donc tous les cabarets de Paris et rencontre Georges Sellers dans le cabaret « Bal Tabarin ». C’est ainsi qu’Artiphone serait rentré en contact avec Georges Sellers. Artiphone ne resistera pas aux affres financiers et devra fermer sa succursale parisienne en 1931.

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